17 juin
2010
Je me
sens basculée… ce matin tu m’as dit… ce matin je sais…
Ton
silence des derniers jours a pris fin…
Je ne te
manque pas. Tu arrêtes tout.
Tu me
dis les choses tellement détaché, et chaque mot que tu prononces est un
poignard qui s’enfonce dans mon cœur…
Je ne
dois pas craquer. Je ne peux pas craquer.
J’ai une
réunion importante ce matin, je ne peux pas me permettre de craquer.
J’entre
dans la salle de l’hôtel que j’ai réservée, je prépare l’accueil des personnes,
mon cœur implose, je ne parviens pas à comprendre comment je peux tenir encore
debout alors que je sais… alors que tu me quittes…
Je garde
un sourire parfait.
Entre un
homme. Le père d’une personne qui avait beaucoup compté avant toi, qui m’avait
détruite avant toi, qui avait mis à mal mon estime et ma confiance en moi, en l’amour,
en l’homme… avant toi.
Toi, tu
étais arrivé, avait redonné souffle à ma vie…
Et aujourd’hui… tu pars, m’abandonnant
sur le bord de cette route sur laquelle nous avancions main dans la main…
Je ne
peux pas lui montrer à lui que j’ai le cœur en miettes, je ne veux pas lui donner cette satisfaction
malsaine.
L’accueil
est terminé.
J’ai été
parfaite.
Rien ne
se voit.
La
réunion commence et les mots prononcés par ce médecin que je connais bien
chargée des problématiques de souffrance au travail… je ne les entends plus…
Mes émotions débordent… mes yeux s’embuent de larmes… Je ne peux plus faire
semblant…
Tu me
quittes.
Un
gouffre s’ouvre sous mes pieds si violemment…
Je ne
peux pas continuer sans toi…
Je sens
sur moi le regard de cet homme, je le sens sourire en voyant mes larmes couler…
Je sors
de la salle, je ne peux plus.
Je
voudrais hurler cette douleur sans nom qui m’envahit, cette souffrance
viscérale…
Mes
larmes jaillissent, je ne contrôle plus rien.
J’essaie
de reprendre ce contrôle que je connais si bien…
Je dois
me reprendre, on m’attend…
Je ne
peux pas laisser cette douleur m’emporter…
Je ne
pourrai pas me relever, je ne pourrai pas y faire face.
Je
refoule, je renferme, je contiens…
J’essuie
mes larmes, je me force à sourire…
Je
redeviens celle que je sais si bien être, je remets en place le masque de la
jeune femme parfaite, hyper professionnelle, irréprochable…
J’ai le cœur
brisé, en lambeaux…
Mais je
ne veux pas m’en soucier…
Je le
renie, je le rejette, comme toi… comme toi tu ne t’en soucies plus, comme tu le
renies, comme tu le rejettes…
Tu m’as
laissée, abandonnée… alors je m’abandonne…
Et je te
comprends tu sais, moi aussi je voudrais me quitter…
J’entre
de nouveau dans cette salle… un pas après l’autre…
Est-ce
si difficile de continuer ?
Il
suffit d’être sourd…
Sourd à
la douleur, à la violence de l’absence…
Je ne
suis plus qu’un corps en mouvement, une coquille vide…
Je tiens
debout.
Pour
combien de temps ?
Qu’importe…
Je ne
veux plus de réponses… Je ne veux plus de questions, je ne veux plus penser, je
ne veux plus ressentir…
Je dois
juste être, physiquement présente pour assurer le rôle que l’on me donne…
Je suis
mais… mais sans toi… Je n’existe plus.
Le
14/06/2012
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