samedi 23 juin 2012

Lettre du 14/06/2012


17 juin 2010

Je me sens basculée… ce matin tu m’as dit… ce matin je sais…
Ton silence des derniers jours a pris fin…
Je ne te manque pas. Tu arrêtes tout.
Tu me dis les choses tellement détaché, et chaque mot que tu prononces est un poignard qui s’enfonce dans mon cœur…
Je ne dois pas craquer. Je ne peux pas craquer.
J’ai une réunion importante ce matin, je ne peux pas me permettre de craquer.
J’entre dans la salle de l’hôtel que j’ai réservée, je prépare l’accueil des personnes, mon cœur implose, je ne parviens pas à comprendre comment je peux tenir encore debout alors que je sais… alors que tu me quittes…

Je garde un sourire parfait.

Entre un homme. Le père d’une personne qui avait beaucoup compté avant toi, qui m’avait détruite avant toi, qui avait mis à mal mon estime et ma confiance en moi, en l’amour, en l’homme… avant toi.
Toi, tu étais arrivé, avait redonné souffle à ma vie… 
Et aujourd’hui… tu pars, m’abandonnant sur le bord de cette route sur laquelle nous avancions main dans la main…
Je ne peux pas lui montrer à lui que j’ai le cœur en miettes, je ne veux pas lui donner cette satisfaction malsaine.

L’accueil est terminé.
J’ai été parfaite.
Rien ne se voit.

La réunion commence et les mots prononcés par ce médecin que je connais bien chargée des problématiques de souffrance au travail… je ne les entends plus… 
Mes émotions débordent… mes yeux s’embuent de larmes… Je ne peux plus faire semblant…
Tu me quittes.
Un gouffre s’ouvre sous mes pieds si violemment…
Je ne peux pas continuer sans toi…

Je sens sur moi le regard de cet homme, je le sens sourire en voyant mes larmes couler…

Je sors de la salle, je ne peux plus.
Je voudrais hurler cette douleur sans nom qui m’envahit, cette souffrance viscérale…
Mes larmes jaillissent, je ne contrôle plus rien.
J’essaie de reprendre ce contrôle que je connais si bien…
Je dois me reprendre, on m’attend…
Je ne peux pas laisser cette douleur m’emporter…
Je ne pourrai pas me relever, je ne pourrai pas y faire face.

Je refoule, je renferme, je contiens…
J’essuie mes larmes, je me force à sourire…
Je redeviens celle que je sais si bien être, je remets en place le masque de la jeune femme parfaite, hyper professionnelle, irréprochable…

J’ai le cœur brisé, en lambeaux…
Mais je ne veux pas m’en soucier…
Je le renie, je le rejette, comme toi… comme toi tu ne t’en soucies plus, comme tu le renies, comme tu le rejettes…
Tu m’as laissée, abandonnée… alors je m’abandonne…
Et je te comprends tu sais, moi aussi je voudrais me quitter…

J’entre de nouveau dans cette salle… un pas après l’autre…
Est-ce si difficile de continuer ?
Il suffit d’être sourd…
Sourd à la douleur, à la violence de l’absence…
Je ne suis plus qu’un corps en mouvement, une coquille vide…
Je tiens debout.
Pour combien de temps ?
Qu’importe…
Je ne veux plus de réponses… Je ne veux plus de questions, je ne veux plus penser, je ne veux plus ressentir…
Je dois juste être, physiquement présente pour assurer le rôle que l’on me donne…
Je suis mais… mais sans toi… Je n’existe plus.

Le 14/06/2012

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