Étrangère à ma vie, à tout ce que je suis, à mon corps, à mon être : je suis si
lointaine au monde. Ma réalité, faite de peurs, d’angoisses, de terreurs que je
suis incapable de combattre et d’anéantir. Même plus de larmes, un sommeil
perturbé par des cauchemars quand il daigne arriver…
Je
suis lasse de me battre contre moi, contre cette autre en moi qui n’a pour
objectif que ma destruction. Et pourtant je ne veux pas renoncer. Je veux me
renforcer et gagner ma confiance. Je souhaite parvenir à m’aimer un peu, même
un tout petit peu… Mais que ce tout petit peu m’empêche de me détruire et de
sombrer. J’ai déjà trop vu le mal de tout ça, les extrémités de ce mal être.
Je
me souviens…
Je
vois… ce corps si frêle, si maigre traverser le couloir, la main posée sur la
sonde reliée à son nez par un tuyau…
J’entends…
ces pleurs d’une désespérée de la vie, pourtant mère…
Je
sens ces odeurs de médicaments, dans ce long, si long couloir que j’ai arpenté
si souvent. Ces allers-retours interminables de ce lieu clos où je devais
passer des heures et subir les nuits.
Tant
d’angoisses.
J’avais
mal, j’avais peur le soir.
Les
bruits de la rue, les lampes des infirmières de nuits venues s’assurer du
sommeil des patients à leur garde.
Je
dormais rarement quand elles passaient, mais mon immobilité m’assurait de leur
bref passage.
Je
renfermais mes peurs…
Je
les renferme.
J’y
suis encore tellement.
Mon
esprit s’évade et retourne hanter ce lieu. La fenêtre, le café que j’ai tant
observé alors je ne pouvais pas sortir.
Et
les sanglots lourds à la vue de ceux que j’aime dehors tentant de voir mon
visage… et moi, dedans, désespérant de leur faire savoir ma présence.
Ils
ne peuvent me voir, la fenêtre est voilée de l’extérieur.
Comment
une blessure qui ne se voit pas peut-être si douloureuse ?
06/05/2003
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