dimanche 20 mai 2012

Lettre du 07/04/2010

Comme mon cœur me semble mort aujourd’hui… Cela fait longtemps que je ne me suis pas sentie aussi triste. J’ai  l’âme fatiguée de mes luttes incessantes. J’ai besoin de repos et je n’aspire qu’à un long, très long repos, loin de mes douleurs, loin de mon corps, loin de mon cœur, épuisé de trop donner… Je ne sais pas ce que je veux et ce que je suis capable de changer pour être mieux. Mon corps m’est étranger. Ses formes me blessent, me heurtent tant je ne me reconnais pas. Est-ce moi dans ce miroir ? Avec ce visage un peu rond, ce ventre et ces jambes si lourdes et si marquées ? Où est mon corps ? Celui de la jeune femme tout juste sortie de l’adolescence, élancée, sportive… J’étais inconsciente alors de ma féminité et mon corps déjà m’apparaissait comme gauche, maladroit à contenir toutes les réflexions que j’avais déjà sur la vie. J’avais tant de mal à sortir de l’enfance… Aujourd’hui mon corps m’apparait comme un étranger, et trop souvent comme un ennemi. Je le cache, j’essaie… Je le nie, j’essaie de ne pas m’y confronter, au maximum… J’évite les miroirs lorsque ma peau est exposée… Ce reflet est celui d’une étrangère. Je ne me reconnais pas dans ce corps trop gras, trop gros, difforme… J’ai été si différente, trop maigre je le sais mais au moins je n’avais pas ce sentiment d’être aussi faible… Mon poids en trop me semble être la preuve matérielle que je n’ai aucune volonté. Je perds 8 kilos et les reprends l’hiver suivant ou dès que je me retrouve en situation d’instabilité et d’angoisse, affective essentiellement. Je me sens oppressée et lourde, prisonnière dans un corps qui définitivement n’est pas le mien… Comment alors ne pas songer à m’en libérer ? A prendre mon envol ? Dix ans de luttes, de souffrances, de relations à la nourriture perverties par mes failles affectives. Etre ou ne pas être, manger trop ou ne pas manger, donner ou rejeter, m’accepter ou me haïr, vivre ou me détruire… Dix ans de tout ou rien épuisants, exténuants… Et je suis fatiguée d’être et de toujours me relever… Alors oui je n’aspire qu’à me sentir légère, libérée du poids de tous mes maux…
Enfin m’envoler.

07/04/2010

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